Le premier recueil
d’architecture illustré suédois, Carl Wijnblad : une vision modeste et
ambitieuse
Linnéa Rollenhagen Tilly
En Suède, c’est dans la première
moitié du XVIIIe siècle que la Surintendance des bâtiments du roi
commence à s’intéresser à l’ensemble des constructions du royaume. Ceci avec un
double but : d’une part la volonté de moderniser l’aspect des
constructions dans ce pays vaste et peu urbanisé[1], d’autre part la poursuite de la lutte contre
les constructions en bois initiée au XVIIe siècle afin de limiter
les incendies, lutte renforcée au XVIIIe siècle par la nécessité de
ralentir la déforestation. L’administration œuvrait ainsi pour un contrôle
généralisé par la mise en place de règles de construction et la conception de prototypes
de différents bâtiments. En Suède le principe des maisons types remonte au XVIIe
siècle, notamment pour les logements de l’armée (Erik Dahlbergh dans les années
1680 et Nicodemus Tessin le jeune dans les années 1690). Au début des années
1730 ces modèles furent modernisés par Johan Eberhard Carlberg, architecte de
la ville de Stockholm, et gravés pour être diffusés à une plus grande échelle (en
1731) avec une nouvelle réglementation pour ces constructions[2]. Le promoteur
principal de maisons normalisées fut néanmoins Carl Hårleman, Surintendant des bâtiments du roi (1728-53), supplée par son assistant Carl Johan Cronstedt et leur administration.
Ensemble ils formulèrent les préceptes du style et du logement moderne
suédois : à la fois rationnel et élégant, simple et modulable, adaptable à
des constructions très diverses ; mêlant les traditions constructives suédoises
du XVIIe siècle au style contemporain français[3]. Quelques
modèles furent gravés par Jean Eric Rehn du vivant de Hårleman, mais diffusés à une échelle restreinte et sans grand
succès. Ce n’est qu’après la mort de ce dernier, en 1753, que les
caractéristiques de cette architecture furent résumées et largement diffusées
par le premier recueil illustré d’architecture composé par un suédois. L’auteur
de l’ouvrage Carl Wijnblad (1705-68), un ingénieur de la fortification à la
retraite, avait, en tant que conducteur (1727) puis lieutenant (1735) à
Karlskrona, dirigé le chantier de l’église Fréderic sur les dessins de Tessin
le jeune et participé à des projets de Hårleman.
Dans l’introduction du deuxième volume de son ouvrage il rend hommage à ses
supérieurs en supposant que « le public aurait probablement souhaité voir
cet ouvrage réalisé par les plus grands et les plus expérimentés des architectes
que notre patrie peut se féliciter d’avoir eu récemment, mais comme ils sont,
sans aucun doute, débordés par la
quantité de tâches publiques importantes, ils n’ont pas eu le temps de se
charger de ceci[4] ».
Imprimé à Stockholm chez l’éditeur
Peter Momma, imprimeur royal depuis 1738, ce recueil est enraciné dans la
tradition des livres architecturaux du continent européen mais pionnier dans le
contexte suédois, l’ouvrage fut d’ailleurs accueilli par les louanges des
contemporains. Le thème de notre publication étant la traduction des textes d’architecture,
la définition de cette traduction prend ici plusieurs formes et ceci dans un
sens large. En effet il s’agit plutôt d’une interprétation et adaptation
suédoise de modèles français, italiens et suédois, permettant la diffusion d’un
programme national de construction adapté au climat du nord et aux moyens des
commanditaires suédois.
Présentation matérielle et formelle
du recueil
Intitulé Plans et élévations de quarante maisons à étages de pierre et trente de
bois ainsi que plusieurs maisons de plaisir etc. pour des chevaliers
respectables et la noblesse ainsi que d’autres personnes d’état à la campagne,
en vingt-cinq gravures sur cuivre avec explications et calculs[5], le
premier volume fut publié en 1755. Dès l’année suivante il fut complété par une
« Augmentation[6] »
dédiée à Carl Gustaf Tessin. Les deux ouvrages furent améliorés
et réédités ensemble en 1757 sous le titre L’art
de bâtir[7], en deux volumes avec
des planches dépliables.
Des recueils français et italiens ont
clairement servi de modèle pour la forme de l’ouvrage, et dans son texte
Wijnblad cite Vignole, Palladio et le Cours
d’architecture de Blondel, mais également les suédois Carl Hårleman[8] et Christopher
Polhem[9]. Sans
compter les introductions, le recueil comprend soixante-huit pages de texte, cinquante-quatre
planches ainsi que des tableaux pour le calcul du coût des matériaux.
Le texte est composé d’une suite de notices explicatives avec des
remarques qui suivent la numérotation des planches, des renseignements sur la
forme et les matériaux ainsi que quelques courts essais. Les planches, simples et unies, sont numérotées
en chiffres romains et comportent chacune plusieurs figures numérotées en chiffres
arabes. Les mesures « européens », pied et pouce, sont
utilisées à la place des mesures suédoises. Les façades et les plans sont
montrés ensemble parfois accompagnés de coupes, comme chez Pierre Le Muet (Manières de bien bâtir pour toutes sortes de
personnes, 1624), Colen Campbell (Vitruvius Britannicus, 1720), Gilles Tiercelet
(L’Architecture Moderne, 1728), Charles-Etienne
Briseux (L’art de bâtir des maisons de campagne, 1753) et Jean-François
de Neufforges (Recueil élémentaire
d’architecture …, 1757-80). Une même planche peut d’ailleurs présenter des
variantes d’un même bâtiment. Les planches ne sont pas organisées strictement suivant
la largeur de la façade sur rue, mais plutôt comme chez Serlio suivant la
fonction des bâtiments : allant du plus ordinaire au plus élaboré. Pour
faciliter la lecture, un code par lettres est utilisé pour la fonction des
pièces et Wijnblad insiste sur le fait que ce ne sont que des suggestions qui
sont présentées, qui doivent être adaptées aux besoins de chacun[10]. Même
si pour la précision des modèles Wijnblad a choisi des gravures sur cuivre (son
éditeur en fut un pionnier en Suède), les dessins manquent d’élégance et de
maîtrise artistique. L’approche suédoise, pratique et économique, résulte en un
ouvrage plus modeste que les ouvrages français et italiens avec notamment des
propositions simplifiées. Dans le texte accompagnant le tableau XLIII l’auteur
explique son choix de ne montrer dans cet ouvrage que quelques palais de
ce type, qui selon lui sont moins utiles au public que les soixante dessins de
maisons ordinaires:
« à quoi servirait ces
feuilles, si elles avaient été remplies de dix à douze grands palais […] dans
le goût italien et français, décorés d’arcades, de portiques et de colonnades
avec les ordres corinthiens et romains,
avec une multitude de colonnes […], de fenêtres ornées et coûteuses, de niches
et d’images, des toitures garnies de balustrades, de vases et d’armatures, qui doivent
être taillées entièrement en pierre pour un coût considérable. Ce à quoi peu se
résoudront dans notre pays. Ce genre de
desseins se trouve en outre en grand nombre dans les livres coûteux publiés par
des architectes étrangers. Ceux-ci sont plaisants à regarder et impressionnants
sur le papier, mais n’auraient pas d’autre effet chez nous que de décourager
tout le monde de construire en pierre. Par
contre, des desseins moins bizarres et coûteux, adaptés aux besoins de notre
pays et disposés d’une manière régulière et confortable, seront
susceptibles d’inspirer un plus grand nombre, surtout lorsqu’on souligne que la
différence entre des maisons de bois et de pierre ne consiste qu’en des murs et
des cloisons, ce que j’ai démontré dans le premier volume. Cette différence est
suffisamment minime lorsque tous les ornements coûteux sont abandonnés pour des
murs de briques lisses et enduits ; car l’aspect magnifique extérieur importe moins qu’une distribution
confortable, adaptée à l’état et aux conditions de chacun…[11] ».
Dans l’introduction du premier
volume, Wijnblad souligne d’ailleurs comme l’auteur de l’Architecture Moderne[12], que « Ceux
qui sont initiés à l’art de la construction n’ont pas besoin de mon instruction,
elle n’a pas été composée pour eux. Le public serait bien servi si elle pouvait
encourager notre jeunesse studieuse à plus s’instruire sur une science qui est
aussi utile qu’indispensable ; autant pour eux que pour les autres…[13] ».
Plus loin, Wijnblad déclare encore que l’ouvrage est destiné à éduquer les
maîtres d’œuvres construisant pour les classes supérieures dans les campagnes,
afin d’améliorer l’aspect général de l’architecture du pays. Cette volonté de
rendre son ouvrage utile, donc d’opter pour un parti pris pragmatique, est omniprésente ;
proposant par exemple des tableaux permettant de calculer le coût des constructions
et expliquant comment simplifier les projets. Ce qui correspond alors parfaitement
à la résolution contemporaine de la Surintendance, œuvrant au milieu du XVIIIe
siècle pour la mise en place d’un enseignement complet ayant pour but de former
des professeurs suédois compétents qui puissent à leur tour former des artistes
et des artisans dans leur langue maternelle (tous métiers confondus), afin que
la nation n’ait plus besoin de recruter ces compétences à l’étranger[14].
Le recueil de Wijnblad, un manuel national
de construction?
Revenons sur les deux premiers
titres proposant quarante plus soixante maisons en pierre. Wijnblad souligne
dans son texte qu’« aucun pays n’a plus de pierre et moins de maisons en
pierre que la Suède » et que le meilleur choix est de construire une
maison de pierre massive. Dans le tableau XXXII il donne une
brève introduction à la construction d’un
bâtiment en pierre destiné « aussi bien à éduquer des artisans
moins expérimentés qui pourront avoir à construire de telles maisons à la
campagne, que pour apporter une meilleure connaissance de ce sujet aux maîtres
et domestiques. Ainsi le bâtiment sera établi d’une manière plus sûre et plus
avantageuse[15]. »
Même si Wijnblad conseille l’emploi
de pierres locales (gråsten, sandsten, flisesten, Ölandssten, kalksten, etc.), une maison en pierre signifie surtout pour lui une
maison en brique enduite d’une couleur jaune clair comme il se faisait alors pour
les maisons neuves à Stockholm. Cet artifice, initié par la Surintendance, permet
une ressemblance au calcaire français à moindre coût. Dans le premier volume Wijnblad
explique en quelques pages et trois planches la fabrication de briques et la
création d’une briqueterie[16], car
selon lui, celui qui dispose de pierre calcaire dans les environs et d’une
briqueterie, ou qui peut en ouvrir une pour peu de frais, a toutes les raisons
de construire en pierre « car il vaut mieux brûler une forêt jeune dans
les fours à briques plutôt que de s’en servir pour construire des maisons d’une
courte durée de vie[17]». Selon lui le seul obstacle à la généralisation de ce mode de
construction en Suède, est le manque cruel d’artisans compétents à la campagne,
notamment des maçons. Problème auquel son ouvrage peut, pense-t-il, remédier.
Toutefois, son recueil comporte
également cinquante modèles de maisons en bois, la plupart étant des variantes
des maisons de pierre, destinés aux régions où le calcaire est rare et pouvant
en outre être érigées par des maçons « à demi formés[18] ».
Il présente d’ailleurs plusieurs subterfuges permettant à ces maisons de ressembler
à celles construites en pierre massive : par exemple l’utilisation d’un
enduit des deux côtés ou bien la peinture des façades à l’huile d’une couleur
jaune claire avec des piliers d’angles lisses et des bordures et encadrements
des fenêtres en gris clair couleur de pierre (fig. 6). Il souligne que l’idée
n’est pas de tout bâtir en bois – car ce qui s’avère trop difficile à édifier
en bois sera fait en pierre : les fondations solides en pierre grise et les
murs fins en briques peuvent servir de remplissage entre les portes, les poêles
et les cheminées ; ces dernières servant en outre de contreforts. Il
souligne aussi la possibilité de mettre des cheminées au rez-de-chaussée et des
poêles à l’étage, pouvant en outre chauffer deux pièces à la fois lorsqu’ils
sont posés contre les cloisons. A ce propos il articule d’ailleurs l’intérêt
que pourrait présenter l’installation des cheminées dans les coins, où selon
lui elles dérangent le moins et éclairent le mieux la pièce[19].
Une présentation simplifiée et
sélective des ordres architecturaux
Les dernières planches des deux
volumes exposent des éléments d’architecture, et le second volume s’achève avec
une planche de plans de masse ainsi que plusieurs modèles de dépendances. Dans le
tableau XLV Wijnblad propose un cours
abrégé sur les ordres, c'est-à-dire des dessins et une brève
explication des trois ordres les moins « bizarres », afin d’aider les
artisans et les commanditaires des campagnes qui semblent s’y connaître le moins
et donc leur permettre de les utiliser sans trop d’erreurs. Pour l’historique
et les proportions des cinq ordres, il existe selon Wijnblad « déjà
suffisamment de livres écrits par de nombreux architectes étrangers, qui les
décrivent d’une manière détaillée, et les montrent dans des gravures précises[20] ».
Il ne montre ni la manière antique du chapiteau ionique, du fait qu’il juge
qu’il ne peut être exécuté que par un tailleur de pierre spécifiquement initié,
ni l’ordre corinthien, qui selon lui est trop exclusif pour s’enraciner en
Suède[21].
A son avis les bases, les chapiteaux
et les triglyphes doivent être exécutés en pierre taillée, alors que pour le
reste il est possible d’employer de la brique ravalée. Afin de limiter les
coûts, ses dessins ne comprennent ni piédestaux (la base est directement posée
sur le soubassement ou le mur de fondation), ni colonnes (uniquement des
pilastres). S’il suit les proportions des ordres données par Vignole, en accord
avec les meilleurs architectes, Wijnblad explique qu’il a choisi la corniche de
l’entablement dorique de Palladio, qu’il juge être la plus facile à réaliser en
briques (alors que celle de Vignole doit être faite en pierre taillée). En ce
qui concerne l’entablement du pilastre ionique il a choisi les proportions de
Blondel, du fait que celles données par Vignole sont contestées par les
contemporains et que ses entablements hauts ont plusieurs inconvénients dans
des maisons à étages[22].
Des choix pragmatiques
Wijnblad n’hésite donc ni à commenter
ses choix ni à critiquer les propositions. Il explique ce qu’il juge le mieux
convenir à la ville, à la campagne ou bien à un homme célibataire, ainsi que
les dispositions à prendre pour faire face au climat suédois. Il trouve par
exemple les toitures brisées à la française intéressantes pour les villes, car
elles permettent l’aménagement de chambres rentables (suivant les modèles de
Stockholm) – mais inutiles à la campagne ; où l’on dispose de plus de
place, où la manière italienne convient davantage, car elle est selon lui plus esthétique
et permet d’éclairer des greniers sans employer des lucarnes. De la même
manière, il suggère qu’on pourrait suivant la tradition française, encaisser
les cuisines pour des raisons d’économie d’espace. Mais dans ces cas là Wijnblad
précise que la parcelle doit être située en hauteur, car autrement les pièces
deviennent humides et insalubres et l’hiver la neige et les journées grises rendraient
de telles pièces sombres et « atroces[23] ».
Il explique encore que les cours fermées présentent un désavantage l’hiver du
fait qu’elles maintiennent la neige. Afin d’éviter que l’eau ne s’infiltre dans
la maison au moment du dégel et pour maintenir les caves sèches, il propose d’aménager
un puits pour les eaux de pluie et de neige au milieu de la cour. De même il rappelle
qu’il faut régulièrement balayer la neige sur les toitures plates, d’où
l’importance d’aménager un accès facile par des lucarnes. Ainsi ce type de couverture
est selon lui plus adaptée à la Scanie (sud de la Suède) où les chutes de
neiges sont moins importantes.
Wijnblad souligne également l’importance
de la protection contre les incendies, par exemple à l’aide de portes en fer et
des murs en briques (caves et greniers). Il insiste aussi sur la conception
d’une aération efficace. Pour cette dernière il préconise quasi
systématiquement l’aménagement de « tuyaux à tirer[24] »
allant de la cave au grenier, une invention inscrite dans les actes de l’Académie
Royale des sciences par Polhem, dont il dit que « de longues années
d’expérience ont prouvé leur bienfait, permettant le maintien des caves saines
et évacuant les odeurs de renfermé et de moisissure[25] »
et ajoute qu’ils sont également utiles pour l’aménagement d’aisances[26].
Une traduction rationalisée de
l’art de bâtir suédois
Comme l’Architecture Moderne, Wijnblad résume l’architecture de son temps
par une série de stéréotypes inspirés de maisons effectivement construites.
Environ la moitié des modèles sont des réinterprétations de l’architecture
traditionnelle suédoise, de Tessin le jeune et des villas italiennes de
Palladio. L’autre moitié résume l’architecture contemporaine, faisant aussi bien
référence aux modèles récents de la capitale que reproduisant des manoirs
construits ou à construire à la campagne. De ce point de vue, si Hårleman lança le principe français de l’utilisation
du rez-de-chaussée en étage principal, la plupart des modèles de Wijnblad suivent
plutôt la tradition suédoise plaçant celui ci au premier étage. En outre Wijnblad
ne respecte pas les proportions élégantes d’Hårleman, notamment la progression dans la hauteur des étages ainsi
que les toitures moins hautes. La dissemblance entre une maison
dessinée par la Surintendance et un modèle de Wijnblad est donc considérable ;
une fois réinterprétée par un maître maçon ou un charpentier les différences
seront encore plus marquées.
Ce recueil forme de ce fait une
traduction rationalisée et résumée de l’art de bâtir, constituant une
introduction intemporelle à cet art et, comme l’architecte suédois John
Sjöström l’a souligné, assorti de multiples astuces pour la restauration et
l’architecture durable[27]. En effet comme les Maximes de Vauban, l’ouvrage
rassemble des recettes traditionnelles, régionales ou personnelles,
rationnelles et économiques, testées par l’homme du terrain. [28] Ainsi
Wijnblad propose une maison normalisée compacte et durable, dont la stabilité
est soulignée par l’encadrement rustique et la forme du toit mansardé, un
modèle qui s’enracine dans les villes et les manoirs du XVIIIe siècle
tardif, sans pour autant être reproduit à l’identique – il s’agit plutôt de la
diffusion d’un nouvel esprit[29]. Sa
postérité fut assurée par les réinterprétations de la première moitié du XXe
siècle, lorsque les administrateurs et architectes cherchèrent à créer des logements
pratiques et hygiéniques pour tous, dans le cadre des composantes
architecturales « maisons pour tous » (egna hem) du mouvement de rénovation sociale suédois majeur « le foyer du peuple » (folkhemmet)[30].
[1] Le milieu du XVIIIe
siècle correspond une période de forte augmentation démographique, le nombre
des sujets suédois croit de 1,5 millions à 2 millions, sur une superficie égale
à celle de la France (la capitale suédoise, Stockholm, compte alors 40 000
habitants).
[2] cf.
Krigsarkivet, Stockholm, serie ”Tält & byggnader”. Ehrenswärd,
U., ”Soldaters boning”, dans Svenska hus,
Stockholm, 1995; Ulväng, G., ”Indelningverkets militära
boställen – vad vet vi egentligen?”, dans Militärhistorisk
tidskrift, 2002, p. 202.
[3] Concernant les
définitions, les origines et les problèmes de notions du style suédois,
cf. Olin, M. (dir.) Konsten och det
nationella. Essäer om konsthistoria i Europa 1850-1950, ”Kungl. Vitterhets historie och
antikvitets akademien, konferenser 76”, Stockholm 2013.
[4] ”... allmänheten har till äventyrs önskat se detta av de
större och mer erfarna arkitekterna, som vårt fädernseland i dessa senare
tider, kan berömma sig av, men som de, utan tvivel, av många viktiga publika
sysslor överhopade, ej sådant lär hava hunnit sig åtaga...” Wijnblad,
C., Ytterligare tilökning af ritningar på wåningshus, sextio af sten och
tiugu af träd, samt hwarjehanda flygel-byggnader och pavillons, med
anmärkningar ledande til et fördelaktigt och sparsamt desze byggnaders
utförande, såsom ock uträkning på de förnämsta härtil hörande materialier,
hwarjemte följer, anwisning til de i detta wärk nyttiade toscaniske, doriske
och joniske ordernes indelning och bruk, tillika med particuliere ritningar på
gårds-hus och hus-portar samt fönster; ännu tio utkast af general-planer,
gårdar til behörig beqwämlighet, ordning och skick at anlägga, jämwäl ock til
mält- brygg- och bränhus samt iskiällare, med flere inrättningar för
landthushållningen: uti 26 kopparstycken anwist, och högloflige ridderskapet
och adelen, samt andra stånds-personer på landet, til tienst och nytta, Stockholm,
Momma,1756, p. 1.
[5] Wijnblad, C., Ritningar på fyratio wåningshus af sten, och trettio af träd, samt åtskilliga lusthus, m.m. För högloflige ridderskapet och adelen, samt andra ståndspersoner på landet; uti 25 kopparstycken med bifogad förklaring och uträkning, Stockholm, Momma. 1755.
[6] Ibid.
[7] Wijnblad, C., Byggningskonsten. Ritningar på fyratio wåningshus, af sten och trettio af träd, samt åtskilliga lusthus, portar, fönster och lister, med förklaring och uträkning på de förnämsta härtilhörande materialier, jämte Bihang om mur- och taktegelbruks fördelaktiga : inrättande, uti 28 kopparstycken anwist; högloflige ridderskapet och adelen, samt andra stånds-personer til tienst och nytta. Andra gången uplagd, tilökt och förbättrad, Stockholm, Momma, 1757.
Pour préparer cet article j’ai utilisé les volumes incomplets de la Bibliothèque nationale (Paris) et un fac-similé publié en 1993 avec une introduction par Johan Mårtelius. Cette dernière constitue, à ma connaissance, la seule étude détaillée de cet ouvrage et de son auteur Carl Wijnblad (Wijnblad, C., Ritningar på fyratio våningshus af sten, och trettio af träd, samt åtskilliga lusthus, m.m. för högloflige ridderskapet och adelen, samt andra ståndspersoner på landet : uti 25 kopparstycken med bifogad förklaring och uträkning, fac-similé avec avant-propos par Johan Mårtelius, Stockholm, Rekolid, 1993).
[8] Wijnblad réfère notamment à Hårleman pour l’explication de la conception d’une glacière à la
française (Ibid, p. 64). Carl Hårleman œuvrait comme surintendant des
bâtiments du roi, avec Carl Gustaf Tessin, de 1728 à 1753 (cf. Stavenow,
å., Carl Hårleman. En studie i frihetstidens
arkitekturhistoria, thèse en histoire de l’art, université d’Uppsala, Uppsala, 1927; Alm, G. ”Det svenska huset och
den franska stilen”, dans Kulturvärlden, n° 2, 2000, p. 10-15; Olausson,
M., Millhagen, R., Carl Hårleman, Människan och verket,
Stockholm, 2000).
[9] Christopher Polhem (1661-1751) est souvent surnommé « le Léonard da
Vinci suédois », en tant qu’inventeur et scientifique il fut un grand
précurseur de son temps, notamment avec la production en série d’objets
domestiques dans sa manufacture à Stjärnsund, et en tant que membre actif de
l’Académie royale des sciences (cf. Lindgren,
M., Christopher Polhems testamente. Berättelsen om ingenjören, entreprenören och pedagogen
som ville förändra Sverige, Stockholm, 2011.
[10] Une légende unique pour toutes
les planches est présentée avant le premier tableau : a Entrée ; b Le
grand escalier ; c Salle ; d Salle à manger « quotidienne » ;
e Antichambre ; f Salle de parade ou la plus belle chambre, qui dans les petites
maisons peut servir pour des invités ; g Chambre à coucher ; h
Cabinet ; i Garde-robe ; k Escalier de dégagement ; l Escalier pour le grenier dans des maisons à
un étage ; m Bibliothèque ou pièce d’armes ; n Galerie ; o Salon
ou salle de plaisir ; p Portique ou passage ouvert ; q place
surélevée devant la maison entre les ailes ; r Passage ; s Dégagement
ou sortie confortable et cachée ; t Corridor ou entrée commune à plusieurs
pièces ; u Chambre pour les enfants ; v Cuisine ; w Office ;
x Garde manger ; y Salle à manger
pour les domestiques ; z Cour fermée. NB. Les noms des pièces, sont indiqués pour l’ordre, ils peuvent être modifiés par chacun
suivant son confort.
[11] Ty vartill hade det gagnat, om dessa få blader, i
dess ställe, varit uppfyllda med 10 à 12 stora och rumrika palais [...], efter italienska och franska smaken, dekorerade med
arkader, portiquer och kolonnader av
korintiska och romerska ordningar, med [...] kolonner på alla sidor, kostsamma
utsirade fönster, nicher och bilder,
alla tak prydda med balustrader,
vaser och armaturer m.m., som allt med odräglig kostnad måste av huggen sten i
verket utföras, vartill ganska få här i landet sig lära resolvera. Sådana dessein finnes dessutom till stor
myckenhet uti de av utländska arkitekter utgivna kostsamma böcker, som väl
kunna förnöja ögonen och få på papperet ett präktigt anseende, men därjämte äro
för oss till föga annat nyttiga, än att avskräcka alla från stenhusbyggnad.
Däremot kunna mindre kostiga och kostsamma, samt efter vårt lands belägenhet
lämpade dessein, som likväl äro reguliera och bekvämligen indelade,
förmå emellan trä- och stenhus endast består i väggar och murar, som jag i
förra delen bevisat. Denna skillnad bliver nog ringa nog, när alla kostsamma
sirater utelämnas, och slätrappade tegelmurar uppföras; ty det ankommer ej så
mycket uppå husets yttre präktiga anseende, som uppå en bekvämlig indelning,
skickad efter vars och ens stånd och villkor...”, Ibid, p. 54-55.
Dans deux autres ouvrages publiés en 1765 Wijnblad propose des plans pour cinq et dix manoirs: General planer til fem sätesgårdar, uti koppar stuckne, med deras förklaring. Upritade och til en del anlagde af Carl Wijnblad. Stockholm, Peter Hesselberg, 1765; et Tilökning af General-planer til tio sätesgårdar, förestälte uti 11 kopparstycken med deras förklaring. Upritade och projecterade af Carl Wijnblad. Stockholm, Peter Hesselberg, 1765. Cette même année il publia également, en suédois et en allemand, un recueil avec des modèles pour des bâtiments économiques destinés aux paysans Beskrifning, huru allmogens bygnader, så af sten, som träd, måge med största besparing upföras: enligit bifogade project-ritningar uti sex koppar-stycken , samt förslager uppå nödiga bygnings-ämnen. Utgifwen på kongl. maj:ts allernådigste befallning, efter föregångit gillande wid riks-dagen år 1765, Stockholm, Peter Heszelberg, 1765. Cet ouvrage fut publié en allemand, la même année, sous le titre: Anweisung wie Ziegelhütten einzurichten, und sowohl Dach-als Mauerziegeln aufs vortheilhafteste, mit grösster Ersparung des Holzes zu brennen, nebst den nöthigen Figuren entworfen von Carl Wijnbladh : Nach der zwoten schwedischen Ausgabe übersetzt, Königsberg, 1765. Puis en 1768 parût, à Copenhague, Beschreibung der Bauer-und anderer gemeiner Leute Häuser...nebst dazu gehörigen Zeichnungen auf 8 Kupfertafeln u. Anschlägen zu den nöthigen Baumaterialien : Von den Reichsständen in Schweden auf dem Reichstage im Jahr 1765 gebilliget u. hernach auf Königl.Befehl durch den Druck bekannt gemacht von Carl Wijnblad. Aus dem Schwedischen übers.
[12] « A la vérité dans
les grandes villes il y a beaucoup et de très habiles architectes, aux lumières
de qui l’on peut avoir recours ; et il est bien naturel de s’en rapporter
à eux. Mais comme dans la plupart des petits endroits on est privé de ce
secours, on en revient toujours à désirer un livre tel que celui dont nous
parlons ; c'est-à-dire, dans lequel on trouve un détail raisonné d’un
grand nombre de distributions différentes, parmi lesquelles on puisse faire
choix de quelque chose qui ait rapport à ce que l’on désire … ». Tiercelet,
G, L’Architecture Moderne, ou l’art de
bien bâtir pour toutes sortes de personnes, Paris, Jombert, 1728, p. aij
verso.
[13] ”De som själva förstå byggningskonsten behöva ej
denna min underrättelse, för dem är den ej heller uppsatt. Allmänheten torde
bliva nog tjänt, om detta kunde uppmuntra vår studernade ungdom, att mer
vinnlägga sig om en vetenskap, som är så nödig som nyttig både för dem och
andra”, Wijnblad, C., op. cit., p. 11.
[14] HinnerS, L., Michel,
A.-S. et Rollenhagen Tilly, L., « Paris à Stockholm » dans Bulletin de la société de
l'histoire de Paris et l'île de France, article à paraître.
[15]Wijnblad,
C., op. cit., p. 48-49.
[16] Ibid,
Tableau XXV, p. 21-37. Cette explication fut
développée dans un manuel de petit format (in-8°) Afhandling om mur- och
tak-tegelbruks inrättande, jämte beskrifning huru tegel på fördelaktigt sätt
brännes med stor besparing af wed, samt nödiga ritningar på lerbråkor, lador och
ugnar, förestälta uti 6 kopparstycken af Carl Wijnblad, Stockholm, P.
Hesselberg, 1762, 108 p. et VI planches gravées.
[17] ”… varandes bättre att uppbränna den omogna skogen i
tegelugnen, än att därav uppsätta ovaraktiga hus”, Ibid, p. 15.
[18] ”halvlärda”, Ibid, p. 15.
[19] Au milieu du XVIIIe siècle en Suède, à
l’académie Royale des Sciences, on cherche à concevoir un système de chauffage
plus économique en bois et plus efficace. Ce débat aboutit en un poêle
« rationalisé » présenté par Fabian Wrede et Carl Johan Cronstedt en
1767 (cf. Beskrifning på Ny Inrättning af Kakelugnar Til Weds Besparing. Jämte Bifogade
Kopparstycken. Utgifwen af Praesidenten Grefwe C.J. Cronstedt,
Stockholm, KVA 1775.
[20] Cf. supra, Ibid, p
54-55.
[21] Nous pouvons encore une
fois voir une parenté avec Tiercelet, qui dans son introduction explique
« Le principal objet de ceux qui ont traité cette matière ; a été de
rapporter les cinq ordres dans les justes proportions ausquelles les anciens
les avoient réduits, ainsi leurs livres ne roulent guéres que sur la
décoration, et ne font presque pas mention de cette partie de l’architecture,
qui enseigne à distribuer les pièces qui doivent composer son édifice, pour en
faire quelque chose de commode selon l’étendue du terrain que l’on veut employer,
et la qualité des personnes qui doivent l’habiter », op. cit, p. aij.
[22] Wijnblad, C., op. cit., p. 16-20; 55-58.
[23] ”ohyggeliga”, Ibid,
p. 17.
[24] ”dragrör”.
[25] ”Utav många års erfarenhet har man funnit därav den goda
verkan, att de hålla källarna friska och befria allt som där förvaras från
unkenhet och mögel”, Ibid, p. 14.
Ibid, Tab.
XXXIX, fig. 1 et 2 : l’aération des caves se fait par des tuyaux d’aération qui courent depuis la
cave à travers les chambres (où ils sont aménagés symétriquement avec
les poêles dans les chambres à coucher) jusqu’au grenier. (”… äro bägge dess källare upprättade, vars
dragrör i symmetri mot kakelugnarna uti sängkammarenhörnen, och så vidare genom
vinden, finnas uppdragna”).
[26] Ibid, Tab XXX, « entre la chambre et la garde-robe j’ai montré
comment une commodité peut être aménagée au moindres frais […] un tuyau d’aération sera aménage soit sur
le côté du mur carrelé soit jusqu’en haut de la toiture dans le grenier, puis
une tuile est posée sur ce tuyau de tirage. Un second tuyau de tirage doit être
construit dans la pièce à travers le mur, ainsi on s‘assure qu’une telle
installation ne provoquera aucun désagrément. […] En France des pièces semblables sont
aménagées d’une autre manière, dont nous faisons l’abstraction ici du fait de
leur coût ». (”Inom
förmaket emellan sängkammaren och garderoben har jag visat, huru en nödig commoditet eller avträde kan inrättas,
som med minsta kostnad sker [...] och dragrör, vilken antingen på sidan av
kakelmuren, eller ända upp under taket i vinden utföres, därest en takpanna
uppreses över dragröret. Dessutom bör ännu ett dragrör i själva rummet genom
muren göras, då är man säker på att en sådan bekvämlig inrättning ej huset till
någon olägenhet länder. [...] I Frankrike brukas sådana rum på annat sätt,
vilka man för dess kostsamhet här förbigår.”
[27] Sjöström,
J., « Carl Hårleman inför eftervärlden”
dans Kulturvärlden, n° 2,
2000, p. 36-41, et
”Typhusen
som försvann”, dans Byggnadskultur,
n° 3, 2002.
[28] Comme Vauban, Wijnblad
juge que les tuiles vernies est le meilleur matériau pour les couvertures
plates, car elles ne s’engorgent pas d’eau. Cf. Sanger, V., Rollenhagen Tilly, L. « Vauban et
l’architecture: Maximes pour bien bâtir », dans Vauban, bâtisseur du Roi
Soleil, Paris, 2007, p. 250-253.
[29] Ce modèle
« normalisé » comporte en général une façade symétrique à deux étages couronnée d’un toit brisé ou en bâtière,
sur un plan rectangulaire. La
distribution suit souvent le plan
traditionnel de la maison jumelée, divisée en un espace pour le quotidien et un
pour les fêtes. Les fonctions des pièces sont modulables, avec au rez-de-chaussée une
cuisine, une salle à manger et des pièces secondaires ; et à l’étage, d’un côté une salle, une antichambre
et une chambre d’amis ou du maître et de l’autre côté plusieurs pièces
plus petites pour la cellule familiale (des chambres pour la maîtresse, les
enfants et les servants)
[30]
http://195.196.144.69/piteinter/husera/stilguiden/Egnahem.pdf
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