F.A.U. Cronstedt à Paris 1771 -1773

Tout au long du xviiie siècle des architectes suédois complétèrent leurs formations dans la capitale des Lumières. La plupart séjournèrent également à Rome où ils fréquentèrent de nombreux français. Les archives sont plus ou moins riches en informations concernant leurs activités, mais il paraît clairement qu’ils eurent des contacts privilégiés avec les meilleurs artistes et architectes de leurs époques. Les diplomates et d’autres suédois résidant à Paris ont également joué un rôle important dans ces échanges, tels Daniel Cronström, Gustav Lundberg, Alexander Roslin et la famille Sparre[1].

Le nom Cronstedt est familier aux historiens de l’architecture moderne grâce à la collection de dessins conservée au Nationalmuseum à Stockholm. Derrière cette collection se trouvent deux hommes : Carl Johan, le père, et Fredrik Adolf Ulrik, le fils. Les lignes qui suivent concernent les deux séjours parisiens de ce dernier, en 1771 et 1773. Une centaine de lettres écrites par F.A.U. Cronstedt lors de son voyage d’études, rédigées en suédois et en français, destinées à sa famille (sa mère, son père, ses sœurs et sa grand-mère), témoignent d’un homme curieux et entreprenant. Un répertoire intitulé « Notes manuscrites sur les techniques de la construction de C.J. Cronstedt[2] », semble correspondre à ses pro-memoriam, régulièrement mentionnés dans sa correspondance. Ce document forme une compilation thématique d’extraits de textes, essentiellement français, traduits en suédois avec un appareil de notes faisant référence à des ouvrages dans la bibliothèque de son père[3]. Il comprend aussi des observations faites in situ lors de son voyage. Plusieurs dessins dans la collection Cronstedt proviennent également de son voyage.


Les origines de F.A.U. Cronstedt

Issu de la haute aristocratie suédoise, le comte Fredrik Adolf Ulrik Cronstedt (1744-1829) fut l’ainé des huit enfants du comte Carl Johan Cronstedt (1709-1777) et Margaretha Lagerberg, Surintendant des Bâtiments du roi et Directeur de l’Académie des Beaux-Arts. Le, père, qui dirigea l’activité artistique en Suède entre 1753 et 1767, fut également un membre très actif de l’Académie Royale des sciences. Les sources laissent supposer que les enfants Cronstedt eurent une éducation dans l’esprit de Rousseau. Nous ne connaissons pas le contenu de la formation de F.A.U. Cronstedt en Suède, mais nous savons que les domiciles de la famille, un hôtel particulier à Stockholm et un manoir à Fullerö, renfermaient l’une des plus importantes collections de livres et de dessins d’architecture privées en Europe à l’époque. Réalisant de nombreuses expériences mécaniques et scientifiques, son père collectionnait et concevait des maquettes de tout genre ; il est donc plausible qu’il fut initié à l’architecture grâce à cette documentation exceptionnelle.

En 1765 F.A.U. Cronstedt fut nommé Intendant à la cour. Dans un premier temps il travaillait sous la supervision de son père, en tant que copiste et assistant de l’architecte Carl Fredrik Adelcrantz (1716-1796). Lorsqu’en 1767 ce dernier succéda à son père au poste de Surintendant, F.A.U. Cronstedt fut promu Conducteur. Dans ses lettres il montre une grande reconnaissance et beaucoup de respect pour Adelcrantz. À la surintendance la fonction principale de F.A.U. Cronstedt était de dessiner et copier des églises, typiques du xviiie siècle suédois.


Le premier séjour de F.A.U. à Paris : fin janvier à septembre 1771.

Ainsi c’est en tant que conducteur à la Surintendance que Cronstedt effectua son seul voyage en Europe, pour compléter sa formation ainsi que la documentation technique et esthétique de cette administration. Le séjour fut partiellement financé par une bourse d’état qui s’ajouta à son salaire[4], mais son père participa également aux frais[5]. Avec un de ses frères cadets, Sven, et plusieurs autres jeunes aristocrates, F.A.U. Cronstedt fit partie de l’escorte du dauphin Gustave quittant Helsingborg pour le continent le 21 novembre 1770. Dans sa correspondance il raconte d’une manière assez critique (et parfois ironique) les visites dans plusieurs villes et cours européennes, avant d’arriver à Paris le 24 janvier 1771. De janvier à mars, les frères Cronstedt logèrent à l’hôtel de l’envoyé de Suède, chez le comte Creutz, rue de Grenelle dans le faubourg Saint-Germain (à côté des Carmélites, vis-à-vis l’hôtel de la Marche). F.A.U. Cronstedt semble avoir apprécié le départ du dauphin et sa cour, précipité par le décès inattendu du roi Adolf Frédéric, en février. Par sa correspondance nous apprenons qu’il eut des contacts assidus avec le peintre suédois Alexander Roslin, son épouse Marie-Suzanne Giroust-Roslin et leurs amis l’architecte Pierre-Louis Moreau et sa femme. Il côtoya également des membres de la famille franco-suédoise Sparre, parents avec les Tessin. À la fin du mois de mars Cronstedt écrit à l’une de ses sœurs : « Je conoit[sic] ici Monsieur Marigny qui est le surintendant des Bâtiments du roi, qui a la femme la plus jolie du monde et qui est un homme de talent[6] ». Cette rencontre ouvrait de nombreuses portes, et en avril il loua avec son frère (pour 48 livres mensuelles) une chambre garnie à la maison du Danemark rue Fromenteau, dans le quartier du Louvre ; il voulait en effet habiter au milieu de « tous les artistes[7] ». Au mois d’avril il fréquentait quelques-uns des meilleurs architectes : « Je fais des connoissances de jour en jour avec des artistes très aimables qui a de la bonté pour moi, et je fais mon possible d’être polie vis-à-vis d’eux, autant que je peut accoutumer mes manières suédoises de l’être[8] ». Quelques jours plus tard il explique :

 « J’ai rencontré des gens bien plus humbles que je ne m’imaginais, ainsi j’y mène une vie relativement heureuse car ils se démènent pour me permettre de voir ce qu’ils ont fait et ils ne sont absolument pas mesquins [jaloux] avec leurs savoirs ; ce qui, selon mon expérience, est souvent le cas avec mes compatriotes. Nous avons diné chez Soufflot hier, il montrait tous les dessins pour sa nouvelle église qu’il construit, après de nous l’avoir montré la veille. Je rends souvent visite à l’architecte de la ville, Moreau, et au sculpteur Coustou, et à de nombreux autres que mon père ne connait pas. Ainsi je suis assez satisfait et je cherche à profiter d’eux autant que possible […] le vieux Audran aux Gobelins est mort il y a un mois, mais j’ai une bonne connaissance en son fils qui, lorsque j’y suis venu seul, m’a montré toute la manufacture. J’ai diné chez le père et le frère de L’Archevêque […][9] »

Ce dernier extrait relate un réseau professionnel impressionnant. Certains de ces Français connaissaient son père, qui lors de son séjour parisien au début des années 1730 avait logé chez Claude III Audran au palais du Luxembourg, où il fit la connaissance avec par exemple Guillaume Coustou et Jean Michel Chevotet ; il dut également rencontrer Soufflot lors de son séjour à Rome, de 1735 à 1736[10]. Notons en outre qu’Alexander Roslin était un ami d’Adelcrantz, que ce dernier visita Lyon en 1750 et séjourna à Rome en 1751[11]. F.A.U. Cronstedt fit aussi la connaissance d’Ange-Jacques Gabriel, qui le guida personnellement à l’École militaire et à l’Opéra de Versailles, puis lui donna des recommandations pour visiter Marly dans les meilleures conditions. Malheureusement Cronstedt ne nomme pas les plus jeunes générations, qu’il parait toutefois évident qu’il côtoyait. 


F.A.U.  Cronstedt et Soufflot

Le nom de Jacques-Germain Soufflot est récurrent dans la correspondance de Cronstedt, il semble avoir été un maître et protecteur attentif du jeune suédois lors de ses deux séjours parisiens et même durant son voyage en Italie. Il paraît que le suédois circulait librement chez l’architecte et il y dinait souvent. Le 20 juin 1771 ils se rendirent ensemble à Neuilly, pour suivre l’exécution d’une arche du pont, la collection Cronstedt comporte d’ailleurs des dessins provenant de Jean-Rodolphe Perronet[12]. Grâce aux recommandations de Soufflot il venait de visiter l’école vétérinaire (près de Charenton) avec son frère, qui selon Cronstedt formaient une « émulation » formidable de pratique et théorie. Dans une lettre à son père, au début de l’été 1771, Cronstedt explique que Soufflot envisageait de couvrir la toiture de son église avec du cuivre et qu’il aimerait passer une commande, sans intermédiaires à Hambourg, avec des fournisseurs locaux en Suède. Ainsi il voulait connaître les prix et les formats des plaques de cuivre sur le marché suédois, C.J. Cronstedt répondit à cette requête en septembre 1771, mais aucune autre mention d’une telle transaction n’a été retrouvée. Ces activités et discussions témoignent d’une proximité entre les deux hommes, mais nous ne savons pas si F.A.U. Cronstedt suivait un enseignement chez Soufflot, par contre il raconte qu’il copiait des documents. Dans une lettre à son père il explique :

« J’ai dessinéz de petite chose, come des épitaphes d’église et des croisés et d’autres ornements quand je voie quelque chose que je n’est [sic] pas gravé, aussi j’ai copié l’église de Dijon qui est dans le goût gothique mais le plus léger qui existe et c’est plus par curiosité que je l’ait dessiné peut-être aussi qu’il me sera utile une fois […][13] »

Il fait ici référence aux relevés effectués par Claude Jean-Baptiste Jallier de Savault, examinés par Moreau et Soufflot, avant que ce dernier ne présente ses réflexions sur la légèreté de la construction de l’église Notre-Dame à Dijon, lors d’une séance à l’Académie royale d’architecture en décembre 1762[14]. Cinq copies de la collection Cronstedt corroborent ses dires [15] et dans les pro-memoriam il note « Construction d’église gothique dont la légèreté est surprenante. Parmi celles-ci l’église de Dijon est la plus sophistiquée » ; la collection comprend également des plans de la cathédrale Saint-Etienne à Bourges et de Notre-Dame des Vertus à Aubervilliers[16]. Dans une autre lettre, Cronstedt raconte qu’il visitait des églises de fond en comble, en rampant sur des voûtes et des toits pour noter ce qu’il trouvait « bon et utile » ; dans ses pro-memoriam il cite les cathédrales de Strasbourg et de Reims ainsi que l’église des Bernardins et Notre-Dame à Paris. C’est lors de ce premier séjour que Soufflot réaménagea la porte centrale de la cathédrale de Paris. Même si aucune mention de ce travail n’a été trouvée, nous pouvons supposer que Cronstedt examina l’édifice in situ, car dans les pro-memoriam il note que dans Notre-Dame « les contreforts ne sont pas liés au mur, mais ne sont qu’appuyés contre ceux-ci. Toute la charpente est de bois de Châtaigne […] si compliquée comme presque toutes en France. Dans celle-ci ainsi que dans les Bernardins elle est visible au-dessus des voûtes des arcs traversant qui portent le couvrement de pierre par les bas-côtés joints de cette manière, les contreforts sont déchargés en haut[17] ». Puis Cronstedt note : « Maintenant les architectes ont commencé à combiner la légèreté gothique avec l’ordonnance grecque qui ainsi produit la manière de construction la plus agréable, telle sera l’église de Sainte-Geneviève [je souligne], que M. Soufflot, et la Madeleine, que Mons. Contant, construisent à Paris ». Les collections de gravures du Nationalmuseum renferment deux gravures de Sainte-Geneviève exécutées par Claude René Gabriel Poulleau et trois par François-Noël Sellier, ainsi qu’une gravure anonyme de la façade[18]. Dans ses notes Cronstedt décrit sommairement le système conçu pour lever les plus gros blocs de pierre et quelques croquis illustrent l’assemblage des pierres avec un texte explicatif en suédois : « Pour tenir de longues architraves, exécutées à l’église Sainte-Geneviève à Paris, les fers larges sont accrochés aux pierres par des anneaux de fer et portés sur une voûte qui repose sur les colonnes. Les fers diagonaux font en sorte que les platebandes veulent se plier, ainsi la voûte se serre plus ensemble et provoque que la voûte et les platebandes poussent d’une manière perpendiculaire, ou comme une seule pierre. De cette manière, les fers qui courent le long sont accrochés, l’un contre l’autre, dans le carré inférieur des goupies [ou clavettes]. Ainsi les pierres taillées se resserrent ensemble, aussi bien à l’horizontale qu’à la verticale[19] ». Pour les qualités du fer, Cronstedt se réfère à Daviler, pour les provenances à Bélidor et il cite Tiercelet expliquant qu’il est dangereux de lier des pierres avec du fer car l’eau qui s’infiltre peut provoquer des fissures : pour éviter cela on peut couler du plomb sur le fer car lorsque le fer rouille il gonfle et grossit. Sur cette page concernant l’église de Soufflot sont également représentés deux exemples de voûtes, l’une par Abeille (1699) et l’autre par Sébastien (1699). Quant aux dômes, Cronstedt décrit celui de l’hôtel des Invalides, un édifice soigneusement examiné par son père dans les années 1730 : « De bout pointu d’un œuf, c’est la meilleure forme d’un dôme, aux Invalides la voûte n’a qu’une épaisseur de 5 pouces, le couvrement des chapelles est de pierre taillée posée en escalier, ainsi on peut s’y promener d’une manière commode et l’écoulement des eaux se fait par le cœur des escaliers. Une chose qu’on doit observer est qu’on perd beaucoup par la hauteur pour ce qui concerne les proportions. » Cette documentation montre que Cronstedt cherchait à rassembler des données techniques et à observer, voir comparer, l’exécution de différentes solutions in situ. Cela  confirme également la générosité des architectes mettant à sa disposition tous leurs savoirs. La collection du Nationalmuseum renferme d’autres copies témoignant de cela, telles l’élévation de la maison de Marigny au Roule, transformée et achevée par Soufflot pendant le premier séjour de Cronstedt, ainsi que l’élévation et le plan de la fontaine de la Croix du Trahoir près du Palais royal, conçue en 1757. S’y trouvent également des projets lyonnais : quatre dessins de l’hôtel Dieu, trois dessins de la Bourse, ainsi que cinq feuilles avec le théâtre avant les modifications en 1771 (en plans, coupes et élévation) [20].  Enfin 78 calques reliés forment une compilation d’éléments observés ou copiés, tels un navire (le Saint-Esprit), des fontaines, des jardins, des décors intérieurs, des fauteuils, des bougeoirs ainsi que sept monuments de Louis XV[21]. La collection comprend encore des copies de dessins de Moreau pour le théâtre au Palais Royal[22].

Après moins de huit mois passés à Paris le Suédois fut élu membre correspondant de l’Académie royale d’architecture. Selon les procès-verbaux de l’académie la demande fut faite par Soufflot[23]. Début mai Cronstedt demanda à son père de lui envoyer l’explication du système du poêle suédois que ce dernier avait mis au point avec Fabian Wrede, car plusieurs parisiens le « pressaient » pour qu’il présente l’invention lors d’une séance à l’Académie des sciences ; C.J. Cronstedt l’envoya début juillet et à la fin du mois le fils l’avait traduit en français[24]. La lecture se fit à l’Académie de l’architecture le 5 août 1771, les rapporteurs furent Moreau, un ami, Chevotet, maître de son père, et Leroy – qui accordèrent son admission à l’unanimité après seulement une semaine de réflexion, pressés par son départ pour l’Italie. N’étant admis dans aucune académie en Suède, Cronstedt était très fier de cet exploit ; il souligna qu’il était le plus jeune membre et qu’il n’allait manquer aucune des séances tant qu’il séjournerait à Paris.

En septembre 1771 Cronstedt quitta Paris par la diligence des postes en compagnie d’un dénommé Bourgeois, fils d’un architecte « renommé ». Ils voyagèrent par Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Nîmes, Saint-Esprit, Avignon, Marseille, Toulon, Antibes, puis prirent le bateau jusqu’à Gênes. Il séjourna huit mois à Rome, où il côtoya le sculpteur suédois Johan Tobias Sergel et devint un ami proche de Pierre-Adrien Pâris[25].


Le second séjour de F.A.U. à Paris : début janvier – fin avril 1773

Dès son retour à Paris, début 1773, Cronstedt retourna voir Soufflot. Ainsi raconte t-il dans une lettre à son père :

« L’église que Monsieur Soufflot construit a un peu avancé depuis mon départ, ce sera un monument magnifique, le plan et les élévations sont superbes, dans la manière de la construction elle dépasse tout ce qui a été construit auparavant, il a combiné l’architecture grecque avec la manière légère de la construction gothique, et j’aimerais pouvoir suivre ici l’exécution du dôme comme je suivais la construction de son portail il y a un an et demi, ce qui serait d’une grande utilité pour moi, mais il ne pourra pas commencer avant un an, et à ce moment-là je serai en Suède en train de dessiner des églises de paysans chez le baron [C.F. Adelcrantz], ce qui sera difficile au début car j’ai complètement oublié comment on se débrouille en faisant des économies, puisque [ici] je ne vois rien d’autre que des grands projets, des colonnades magnifiques et des églises riches avec des dômes […] maintenant j’ai croisé toutes mes vieilles connaissances, aussi bien celles que j’ai rencontré à Paris avant mon voyage que celles que j’ai rencontré en Italie. Ainsi je ne mange presque plus à la maison, ni le midi ni le soir[26]. »

 En février, Cronstedt affirme qu’il dîne dans trois maisons différentes, et ce quand il le souhaite, et sans y avoir été invité (Soufflot, Moreau, Sparre ?) ; il travaille quand il trouve le temps, mais moins qu’en Italie. Pourtant, au début de janvier Cronstedt s’était déjà rendu par deux fois à l’Académie (précisant que « leurs politesses envers moi sont toujours aussi grandes »), et lors de ce séjour il copia le Mémoire sur le cul de lampe ou clef pendante que l’on voit dans l’Église St Etienne du Mont par Soufflot 1772[27]  et il rendit visite à l’un des intendants à Versailles pendant quelques jours, avec l’espoir de pouvoir en profiter pour « copier quelque chose de bon dans ses portefeuilles[28] ». Quelques semaines plus tard, il confie à l’une de ses sœurs qu’en se rendant utile comme cavalier de l’ambassade pour le comte de Creutz, il cherchait à rester encore un an à Paris. Finalement, il quitta la ville des Lumières à la fin du mois d’avril 1773 pour prendre les bains à Saint-Amand-les-Eaux, avant de remonter en Suède. Dans sa dernière lettre écrite à Paris, adressée à son père, il annonce le décès de Chevotet et note que « Monsieur Soufflot » lui avait assez souvent demandé de faire le compliment à son père.

De retour à Stockholm F.A.U. Cronstedt poursuivit son travail de conducteur à la Surintendance jusqu’en 1781, puis il fut nommé préfet de la région de Gävleborg. Il n’abandonna pour autant pas son activité d’architecte, la collection Cronstedt renferme des projets d’aménagements urbains ainsi que des dessins d’écoles et d’administrations pour la ville de Gävle.





[1] Wolff C., « L’aristocratie suédoise et la France dans la seconde moitié du xviiie siècle » dans Histoire, économie & société, 2010/1, p. 56-67.
[2] Ce titre est trompeur car le document semble plutôt contenir des notes de son fils, je tiens à remercier Alexandre Cojannot, qui m’a aidé à différencier les écritures du père et du fils Cronstedt. Ce répertoire et les lettres sont conservés par la famille Cronstedt dans le manoir Fullerö, près de Västerås ; documents que j’ai pu étudier grâce à la gentillesse du comte Carl Johan Cronstedt et son épouse. Cet article constitue un premier résumé de mes recherches concernant le voyage de F.A.U. Cronstedt, projet financé par la Fondation de Sven & Dagmar Salén.
[3] Rollenhagen Tilly L., « Knowledge of architecture and building technologies in 18th century Sweden », dans Carvais R., Guillerme A., Nègre V. & Sakarovitch J., Nuts & Bolts of Construction history, éd. Picard, Paris 2012, vol. 1, p. 409-417.
[4] Vahlne B., Frihetstidens inredningar på Stockholms slott: om bekvämlighetens och skönhetens nivåer, Stockholm, éd. Balkongförlaget, 2012, p. 45.
[5] Pour acheter des livres manquants et des publications récentes il amena un catalogue de la bibliothèque de son père ; voici une liste partielle de ses achats mentionnés dans la correspondance : « compléter l’Architecture françoise,  des  planches manquantes de l’œuvre de Piranèse, les ouvrages récents les plus essentiels : Les monuments de Louis XV, L’architecture de Pierre Content d’Ivry, L’architecture de Peyre, Observations sur les antiquités d’Herculaneum, Architecture de Dumont, Œuvres de Neufforges, Œuvre Delafosse, Rome ancienne, ruine de Spaletro, ruine de Balbeck, jardin de Kent, les ruines de la Grèce, ruines de Paestum, Inigo Jones, architecture de Chambers et son architecture chinoise, encore d’autres livres de moindre conséquence, des estampes en cahier comme architecture et vases et ornements…»
[6] Lettre en français à l’une de ses sœurs, le 22 mars 1771.
[7] Marigny habitait un hôtel particulier rue Saint-Thomas du Louvre et avait un autre hôtel particulier au Roule  (ce dernier reconstruit par Soufflot à partir de 1767) et Soufflot habitait l’ancienne Orangerie dans l’enclos des Tuileries.
[8] Lettre en français à C.J. Cronstedt, le 16 avril 1771.
[9] Lettre en suédois à C.J. Cronstedt, le 2 mai 1771.  Élève de Bourchardon, Pierre-Hubert L’Archevêque était employé par la surintendance suédoise depuis 1755 (Cederlund J. Cederlund, Skulptören Pierre-Hubert L’Archevêque, 1721-1778, Nationalmuseum, Stockholm 2002). Liste des personnes citées dans les lettres de F.A.U. Cronstedt, lors de ses séjours parisiens : Abel-François Poisson de Vandières, marquis de Marigny  (1727-81) et son épouse Marie-Françoise Constance Julie Filleul, Jacques-Germain Soufflot (1713-80), Pierre-Louis Moreau (1727-94) et son épouse Marie-Félicité de La Mothe, Nicolas-Henri Jardin (1720-1799), Ange-Jacques Gabriel (1698-1782), Jean-Michel Chevotet (1698-1772), Guillaume Coustou (1716-1777), Benoît II Audran (1698-1772), Prospère Gabriel Audran (1744-1819), un architecte et l’inspecteur des bâtiment de Versailles, Simon-Gabriel Boutin (1720-1794), receveur général des Finances de la Généralité de Touraine, Gustav Philip comte de Creutz (1731-1785), ambassadeur de Suède  à Paris 1767-1783, Comte Louis Ernst Joseph Sparre (1737-1817), colonel du Royal Suédois et son épouse Adélaïde Thérèse Hardouin de Beaumois, Alexander Roslin (1718-1793) et son épouse Marie-Suzanne Giroust-Roslin (1734-1772), Le père et le frère de Pierre-Hubert L’Archevêque, Tassin, banquier, Pierre-Augustin Guys (auteur du Voyage littéraire de la Grèce ou Lettres sur les grecs, anciens et modernes, avec un parallèle de leurs mœurs, 1771), un membre de l’Académie des sciences, le duc des Deux-Ponts et le duc de Chaulnes.
[10] Rollenhagen Tilly L., « Carl-Johan Cronstedt in Paris (1732-1735) : Education, Purchases and Contacts», dans Art Bulletin of Nationalmuseum Stockholm, 2008, p. 101-108. C.J. Cronstedt séjourna dans la capitale italienne de septembre 1735 à août 1736, comme Soufflot il y arriva avec une lettre de recommandation du duc d’Antin et y fréquenta l’Académie de France à Rome.
[11] Fogelmark S., Carl Fredrik Adelcrantz : ett gustavianskt konstnärsöde, Stockholm, éd. Natur & Kultur, 1994.
[12] Rollenhagen Tilly L., « French Bridge Drawings in the Cronstedt Collection », dans Art Bulletin of Nationalmuseum Stockholm, 2012, p. 137-144.
[13] Lettre en français à C.J. Cronstedt, le 6 juin 1771.
[14] Recht R., « Notre-Dame de Dijon ou le gothique revisité par Soufflot et Viollet-le-Duc », dans Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, n° 2, 1999, p. 435-445.
[15] Nationalmuseum, Stockholm , CC 3507, CC 3508-3510 et CC 3624.
[16] Nationalmuseum, Stockholm , CC 298 et CC 294
[17] Ce texte est essentiellement rédigé en suédois, cf. également Nationalmuseum, Stockholm, CC 223, calque d’une voûte des Bernardins.
[18] Nationalmuseum, Stockholm, Orn 1665, Orn 1490, G 411-413/1930, G 415/1930 ; cf. également G 414/1930.
[19] Cette explication a été librement traduite du suédois.
[20] Nationalmuseum, Stockholm, CC 175, CC 176, CC 313, CC 732, CC 3359, CC 3496-3498, CC 3623. Cronstedt était un grand amateur de théâtre, à Paris il allait régulièrement à la Comédie-Française avec la comtesse Sparre qui y avait un loge. Il vit également deux représentations à l'Opéra de Versailles, il allait au Vauxhall (le Colisée) et au théâtre du Palais royal. Il note des manières dont on éclaire les théâtres, des machines diverses et comment sont produits des effets spéciaux (eau, tonnerre, pluie etc.). A Saint-Amand-les-Eaux il fit construire un théâtre pour se divertir, et en Suède participa à l’édification du théâtre de Drottningholm.
[21] Nationalmuseum, Stockholm, CC 356 : 1-78.
[22] Nationalmuseum, Stockholm, CC 175 -176
[23] Cronstedt C.J., Beskrifning på Ny Inrättning af Kakelugnar Til Weds Besparing. Jämte Bifogade Kopparstycken. Utgifwen af Praesidenten Grefwe C.J. Cronstedt, Stockholm, 1775.
[24] Un brouillon de ce texte est conservé dans la collection de Fullerö au Tekniskamuséet à Stockholm.
[25] Olausson M., Karlsson E.-L., (dir) Sergel och hans romerska krets, catalogue d’exposition n° 636, Nationalmuseum, Stockholm, 2004. Le cabinet de Pierre-Adrien Pâris, architecte, dessinateur des Menus-Plaisirs, Paris, éd. Hazan, 2008.
[26] Lettre en suédois à C.J. Cronstedt, le 3 janvier 1773.
[27] Mondain-Monval J., Soufflot : sa vie, son œuvre, son esthétique 1713-1780, 1918. Ce mémoire fut présenté à l’académie le 1 mars 1773.
[28] Lettre en suédois à C.J. Cronstedt, le 4 février 1773.

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